Trois survivants de la Maladie à Virus Ebola témoignent sur les difficultés de leur réinsertion sociale
Dubreka (Guinée), 17 août 2015 : Cela fait cinq jours, à la date du 10 août 2015, que le pays n’a pas notifié de nouveaux cas confirmés d’Ébola. Pour maintenir le cap en vue de l’objectif zéro cas d’Ebola, l’OMS, à travers ses équipes de mobilisation sociale et engagement communautaire déployées dans les différentes préfectures met l’accent sur l’engagement des communautés, principal gage pour atteindre l’objectif zéro cas d’Ébola. La semaine dernière, à Dubreka, en basse Guinée, les équipes de l’OMS ont rencontré les survivants d’Ébola.
Mariame C., Aminata C. et Yaya F. font partie de la vingtaine de personnes qui ont décidé d’être membres de l’Association des guéries d’Ébola de Dubreka, présidée par Cheick Ahmed C. L’Association rencontre, ce 4 août 2015, l’équipe de mobilisation sociale et engagement communautaire de l’OMS, composée de mobilisateurs sociaux et de sociaux anthropologues. Elle est accompagnée par une équipe de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM). Pour les survivants d’Ebola, cette rencontre est une excellente opportunité car elle leur permet d’exposer leurs difficultés et de bénéficier de l’appui de l’OMS.
L’équipe de l’OMS, consciente des séquelles d’Ebola sur la santé mentale, physique et sociale des survivants d’Ébola, a voulu les soutenir et les mobiliser pour montrer leur importance dans le dispositif de sensibilisation et le rôle qu’ils peuvent jouer dans l’éducation de leurs parents et de la société pour les protéger contre cette maladie mortelle, mais également et surtout pour lutter contre le déni de la maladie et pour rassurer les populations sur la qualité du travail effectué par les personnels de santé dans les Centres de Traitement Ebola (CTE) qui, contrairement aux idées reçues, ne sont pas des mouroirs.
Les témoignages de Mariame, Aminata et Yaya édifient sur la détresse que l’ensemble des membres du groupe vivent, sur leurs besoins et sur les conditions de vie des survivants d’Ebola. Ces histoires personnelles permettent de comprendre le gap d’information qui existe au niveau des communautés et la nécessité d’adresser ces questions.
Mariame C., a dû prendre une décision difficile contre la volonté de ses proches y compris ses enfants, pour aller au centre de traitement Ebola. « Quand je suis tombé malade, au vu des symptômes et de tous ce que j’avais entendu sur Ebola, je me suis dit que c’était surement cette maladie. J’ai donc décidé de me rendre au Centre de traitement. Mon fils m’en a dissuadé. Il s’y est opposé. D’autres membres de ma famille également s’y sont opposés. Ils ont dit que tous ceux qui se rendaient dans ces centres de traitement n’en sortaient pas vivants. Je leur ai dit que j’avais entendu dire que des personnes qui avaient été malades d’Ebola avaient été soignées dans ces structures, et qu’elles avaient retrouvé la santé.
Je leur ai également dit de s’en remettre à la volonté de Dieu. Je suis allé seule au CTE. On m’a reçue. On m’a soignée. J’ai été guérie. J’ai eu beaucoup de chance, et je suis rentrée en famille. Malheureusement aujourd’hui, je vis beaucoup de stigmatisation de la part de mes voisins. J’exerce un petit commerce, mais les gens ne veulent pas acheter ce que je vends. Ils disent que je vais les contaminer. Personne ne s’approche de moi. Je n’ai plus rien. Malgré tout, je suis engagée dans l’association avec les autres, et je suis prête à sensibiliser nos communautés».
Le sort a été certainement plus cruel pour Aminata C. Le visage grave, la voix sûre et audible comme pour montrer qu’elle a accepté sa situation et qu’elle est passée à une nouvelle étape, elle raconte : « Toute ma famille a été touchée par Ebola. J’ai perdu cinq membres de ma famille proche y compris deux de mes enfants. Moi, j’ai eu beaucoup de chance. J’ai été transportée au centre de traitement. J’ai été prise en charge. On s’est bien occupé de moi. Dieu merci, j’ai été guérie. Mais depuis mon retour à la maison, je vis l’enfer dans mon voisinage. Les regards malicieux, interrogateurs et inquisiteurs de mes voisins. Ils s’interrogent certainement comment j’ai pu m’en sortir et si je ne vais pas leur donner la maladie.
A la mosquée, personne ne se met à côté de moi, personne ne me salue. Pire, quand j’avais été admise au centre de traitement, les gens avaient conclu que j’allais mourir, que je n’en sortirais pas vivante. Ils ont donc pillé ma maison. J’ai tout perdu. Même mes habits, tout a été pris. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. C’est difficile pour moi. Mais je pense que je peux servir dans la sensibilisation. Les gens doivent savoir qu’Ébola est une méchante maladie, une sale maladie. Ils doivent écouter ce qu’on leur dit et se protéger. Moi, je ne souhaite pas Ébola à mes ennemies. J’ai besoin qu’on m’aide. »
Chauffeur de véhicule de transport en commun, Yaya F., a contracté la maladie à virus Ebola en décembre 2014. « Quand j’ai vu apparaître les premiers symptômes, notamment mal de tête, douleurs musculaires et surtout diarrhée, j’ai pris ma voiture, je n’ai pris aucun passager. J’ai monté les vitres et j’ai conduit seul de N’Zérékoré (Guinée forestière) à Conakry, distante de plus de 1000 kilomètres. Je suis allé directement à l’hôpital Donka où se trouvait le centre de traitement de MSF. J’y ai été admis. On m’a fait un prélèvement de sang, et ils ont dit que j’avais Ébola. C’est seulement en ce moment que j’ai appelé mes deux femmes, qui se trouvaient à N’Zérékoré, et qui ignoraient tout de ma situation, pour les informer de mon état de santé et du lieu où je me trouvais. La première a mal pris.
Elle se plaignait en disant que je ne devais pas aller au centre de MSF, car là-bas les gens mouraient. Je devais lui dire, on serait allé voir un guérisseur et tout allait bien se passer. Je l’ai calmé et je lui ai demandé de s’en remettre à Dieu. Au Centre de traitement, on s’est bien occupé de moi. J’ai été guéri après deux semaines. Malheureusement depuis mon retour, je n’ai plus de travail. Ma première épouse m’a quitté. Elle m’a laissé avec les enfants et la seconde. Ma maison a été pillée. Aujourd’hui, je suis à Dubreka. Comme les autres, je suis prêt à m’engager dans l’éducation des communautés. On ne joue pas avec Ébola ».
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Pour plus d’informations, veuillez-vous adresser à:
Dr Mohammed BELHOCINE, Représentant de l’OMS en Guinée, Cel : (+ 224) 622 72 68 84 E-mail : belhocimo [at] who.int (belhocimo[at]who[dot]int)
Dr Mamoudou Harouna Djingarey, Représentant adjoint de l’OMS, Cel : (+ 224) 624 82 73 86; E-mail: djingareyh [at] who.int (djingareyh[at]who[dot]int)
Contacts médias
M. Konaté Issiaga, Promotion de la Santé et Communication, Tel : (+224) 62 59 70 42 ; E-mail: konatei [at] who.int (konatei[at]who[dot]int)
Koné Soulyemane, Promotion de la Santé et Communication, Tel : (+ 224) 622727168 ; E-mail : koneso [at] who.int (koneso[at]who[dot]int)
Rodrigue Barry, Communication et Plaidoyer, Equipe Inter-pays Afrique de l’Ouest, Tel (+224) 62854 44 99 ; E-mail : barryr [at] who.int (barryr[at]who[dot]int)
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Ci-dessous:
01. Les survivants d'ébola de Dubreka en basse Guinée ont décidé de s'engager dans la sensibilisation et l'éductaion des communautés
02. Aminata a perdu cinq membres de sa famille à cause d'ébola. Elle a eu plus de chance en allant très tôt au centre de traitement. aujourd'hui Aminata s'engage dans la sensibilisation avec l'OMS
03. Chaque survivant a reçu un kit de lavage des mains et deux morceaux de savons
04. Dame Mariam a dû se battre contre la volonté de sa famille afin de pouvoir se rendre dans un centre de traitement